La réponse du Père de Longeaux
À cette question, le Concile Vatican II a apporté une réponse précise. On la trouve au deuxième paragraphe du numéro 50 de la Constitution Gaudium et Spes. Les époux exercent leur charge parentale de façon responsable. Ils peuvent décider ne plus avoir d’autres enfants, pour un temps ou même définitivement, s’ils jugent qu’une nouvelle naissance est contraire à leur bien (leur santé, par exemple), à celui de leurs enfants déjà nés, ou à celui de l’enfant à naître. Et cette décision, ultimement, leur revient à eux seuls : « Ce jugement, ce sont en dernier ressort les époux eux-mêmes qui doivent l’arrêter devant Dieu. ».
Ni l’État, ni l’Église, n’ont le droit de contraindre les époux à limiter leur nombre d’enfants ou, au contraire, à avoir une famille nombreuse (ils peuvent inciter à limiter les naissances en cas d’explosion démographique, ou au contraire promouvoir la natalité par des aides adaptées).
Vous le voyez, l’Église n’enseigne pas un natalisme sans contrôle. Mais attention ! Pour autant, elle n’approuve pas l’idée d’un "droit reproductif" ou d’un "droit à l’enfant", selon laquelle chacune / chacun doit pouvoir accéder à tous les moyens techniques disponibles, sans entraves financières ni légales, pour réaliser son désir d’enfant, ou pour empêcher une conception. L’intention fondamentale des époux doit être et rester l’accueil et le service de la vie. L’enfant ne peut pas être seulement l’objet d’un "projet parental", qu’on réalise comme on peut et quand on peut, entre les contraintes des deux « "projets professionnels" de ses parents. Il est d’abord le fruit de l’Amour créateur de Dieu, qui passe par l’initiative et la collaboration responsable des époux.
L’Église appelle à la générosité dans la transmission de la vie. La vie est un bien. Un enfant qui naît est une joie. Il est un bien non seulement pour sa famille, mais aussi pour toute la société. Il est aussi une charge et une responsabilité, et il peut arriver que des parents, en conscience, estiment qu’ils ne pourront pas porter cette charge ni exercer cette responsabilité. Dans ce cas, ils ne font pas mal en décidant de ne pas avoir d’enfant supplémentaire. Cependant, ils ne peuvent pas employer n’importe quel moyen. L’avortement est totalement exclu aux yeux de l’Église. En effet, on ne peut pas tuer volontairement une vie humaine innocente, pour quelque raison que ce soit, et la vie commence dès la conception. Par ailleurs, l’Église catholique a la conviction que l’amour conjugal est blessé lorsqu’il est rendu artificiellement stérile. La voie de sagesse est de tenir compte des périodes où l’union est naturellement inféconde.
Ce chemin est un chemin de crête. Il a été rendu possible grâce aux découvertes de la biologie moderne. Il ne peut être emprunté qu’à deux. Il suppose et favorise le dialogue conjugal. Il offre une voie fiable de contrôler les naissances tout en respectant l’ouverture à la transmission de la vie inscrite dans les corps.
– Gaudum et Spes, Constitution pastorale du pape Paul VI, 1965, 7 décembre 1965
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